
Effectuer une opération bancaire courante relève presque de l’impossible, et cela non seulement en raison de la fermeture empressée et excessive de nombreuses agences. Si guichet ouvert il y a, de multiples inconvénients, récemment imposés par les établissements de crédit, risquent d’empêcher la finalisation de la transaction souhaitée. Soit la succursale a été transformée en agence « cashless », c’est-à-dire ne distribuant plus de billets, soit la demande du client est refusée, ce dernier renvoyé au fameux « e-banking ».
Or, tout le monde n’est pas fatalement équipé du matériel électronique nécessaire ou à même de se débrouiller seul dans un domaine inconnu. Finalement, il y a également ceux qui ne désirent pas se soumettre à cette digitalisation forcée qui envoûte tous les champs de la vie et qui s’étend bien au-delà de la sphère des instituts financiers. L’accomplissement de presque l’entité des démarches administratives exige la possession d’un ordinateur et de connaissances y reliées.
Quant à moi, j’écris des virements à l’ancienne. J’aime le papier en général ; les lettres, le journal imprimé et les carnets. L’argument de l’hygiène, souvent souligné en faveur du courrier électronique, aurait tout pour séduire la maniaque en la matière que je suis, si le portable et la tablette, même utilisés et touchés par une seule personne uniquement, n’étaient pas bien plus chargés de germes et de bactéries qu’une enveloppe.
Certes, lors de l’apogée de la pandémie du COVID, les nouvelles technologies ont permis d’assurer la continuation de certaines activités ainsi que le maintien des cours scolaires. Le télétravail permet occasionnellement d’améliorer la qualité de vie et de soulager les routes bouchonnées chaque matin, donc de remédier un peu à ces problèmes dus à la dépendance de travailleurs frontaliers ainsi qu’à la surpopulation voulue par notre gouvernement.
Si l’utilisation des méthodes digitales à des fins précises n’est pas dépourvue d’apports et peut se montrer salutaire, son imposition croissante reste récusable.
La reconnaissance des bénéfices de la digitalisation dans le monde du travail n’engage d’ailleurs aucunement l’ensemble de la population active. Beaucoup de métiers se trouvent éloignés, voire détournés, de leur fonction première. Ainsi, des formations et des reconversions sont enjointes à des professionnels ayant initialement choisi une carrière au cours de laquelle ils ne soupçonnaient pas devoir relever des défis informatiques liés à chaque tâche. Cette circonstance engendre une perte de temps considérable- du temps volé à l’accomplissement de la véritable mission. C’est décourageant et au pire des cas une baisse de zèle risque de s’ensuivre. Le fameux bien-être au travail, dont on fait si grand cas aujourd’hui, s’en trouve sensiblement diminué.
Je refuse d’être complètement assujettie au numérique. Je tente d’y échapper. C’est épineux. J’essaie de tenir bon, jusqu’à la dernière goutte d’encre.
Kelly Meris
Strassen