Je n’ose pas imaginer le calvaire que devront subir les petites filles en rose, dès que la « ligne conductrice », imposant aux concepteurs de manuels scolaires ses exigences au nom de la diversité, du féminisme et autres mouvements victimaires, aura porté ses premiers fruits vénéneux.

En effet, le Ministère de l’Éducation nationale s’engage, avec l’appui du Ministère de l’Égalité des chances entre les femmes et les hommes, à rendre l’école plus égalitaire par un moyen qui pourrait susciter l’hilarité générale tant il abonde de grotesque, mais qui risque de s’avérer lourd de conséquences néfastes.

Le matériel didactique sera soumis à un contrôle rigoureux en vue d’éliminer chaque représentation évoquant trop clairement l’appartenance à un sexe défini ou encore d’une femme dans une position non conforme à l’idée féministe.

Ainsi, on retrouve, parmi les revendications de cette directive, des absurdités prêtant bien plus à l’inquiétude qu’au ridicule, comme la prohibition de certaines parties du corps féminin- le but suprême de cette épuration malsaine étant certes l’anéantissement de la binarité tout court. Passons les acrobaties langagières saugrenues suggérées, comme l’évitement des pronoms ou le détournement en termes neutres de certains mots accordés au masculin, donnant naissance à des horreurs stylistiques.

Dans le même état d’esprit seront bannis le rose et le bleu, dont l’apparition sera réduite à un sujet de réflexion visant à démasquer les stéréotypes de genre.

Par conséquent, cette voie qu’on désire faire adopter à l’école, afin d’éviter aux enfants de tomber dans le piège d’un monde jugé arriéré, regorge non seulement d’incongruités, mais contient des dangers qui constituent justement un empêchement de l’épanouissement des concernés, alors soumis à une pression doctrinale redoutable.

L’école ayant toujours véhiculé des idéologies multiples, cette circonstance- issue plutôt d’un processus insidieux que d’un chamboulement inattendu- atteint néanmoins son apogée dans ces consignes en question. Si l’endoctrinement passait souvent plutôt par des figurants isolés, déjà assez éprouvants (on se souvient tous d’un prof écolo fixé sur le papier recyclé…), il a pris récemment un caractère plus institutionnalisé, ayant pour but la sublimation d’un certain mode de vie ainsi que parallèlement, la condamnation d’un autre.

À côté du fanatisme vert, le reniement de la féminité est un des phénomènes observables qui semblent s’étirer et s’amplifier depuis les années 80 à travers l’univers de l’éducation, créant des différences douloureuses et des situations conflictuelles émotionnellement très affligeantes.

Aujourd’hui, les filles aimant les paillettes se retrouvent « matière à discussion », demain, elles seront effacées. Un nouveau monde très réducteur et injuste. Protégeons donc le véritable pluralisme, abandonnons les idéologies et ne créons pas de nouvelles victimes !

Kelly Meris