Ne pas "saborder" le bac!

On ne peut pas nier le fait que dans beaucoup trop de pays de l’Union européenne l’école publique n’est plus en mesure de réduire les inégalités sociales. La mixité sociale est considérée comme une utopie de rêveurs par les « boycotteurs » de l’enseignement public, qui lorsqu’on scrute les budgets des Etats, fait figure d’enfant pauvre.
Le bac est néanmoins maintenu dans la plupart des pays dans ses apparences, mais il est souvent vidé de sa substance. Les exigences de la 7ème au bac demeurent officiellement grandes, mais les évaluations doivent être favorables et il faut éviter de contrarier les parents. C’est la politique actuelle de l’éducation qui l’exige. Et ainsi le bac est souvent à l’image de la scolarité qu’il consacre. Prétendre d’un côté évaluer avec sincérité et de l’autre côté accorder le bac à presque tous. Voilà le paradoxe auquel a mené la nouvelle politique.
Quant aux enseignants, ils se retrouvent soumis à ces injonctions contradictoires. Le résultat en est une dégradation de l’enseignement public. Le bac est dévalorisé à dessein ! Or il ne faut pas oublier qu’il reste le seul accès démocratique aux études supérieures.
Les élites ont déjà pris leurs dispositions. L’accès aux écoles élitaires est soumis au « numerus clausus », excluant les roturiers du « bac populaire ». La voie tracée est claire, enseignement public pour le « peuple », enseignement privé pour les futures « élites ».
Ce n’est cependant qu’en revalorisant l’enseignement public que celui-ci pourra assumer son rôle essentiel dans une société démocratique !
Edouard Kutten