L’Occident doit reprendre les rênes

Dans l’hebdomadaire Le Point du 9 janvier 2025, le chroniqueur Kamel Daoud écrit : « En acceptant sans broncher que le ‘rebelle de Damas’ refuse de serrer la main à la ministre allemande Annalena Baerbock, l’Occident révèle son éternel aveuglement vis-à-vis de l’islamisme. » (Le Point 2737)
L’incident évoqué se déroula lors de la récente visite de ladite ministre en Syrie, le nouveau chef syrien ayant en effet omis de tendre la main à une femme. Les cercles féministes sont restés silencieux, la majorité de la presse n’en fit pas cas. Face au monde islamique, on a pris le pli, dans la sphère occidentale, de relativiser l’inacceptable en se flattant même de se soumettre à ce qu’on qualifie naïvement de divergences culturelles. (Bien que, dans un contexte de négociations internationales, le folklore n’ait pas sa place.)
Le petit épisode cité s’inscrit dans l’ensemble des grandes lignes établies par les nouvelles idéologies de l’Occident, qui interagissent et s’aliment entre elles, et qui finiront par engendrer la défaillance de ce qu’on désigne par « l’Ouest ». L’Europe n’a dernièrement eu cesse de s’autoflageller, de fouiller son passé afin de s’y trouver tous les torts, de révoquer les croyances de ses ancêtres, de déboulonner ceux qui firent sa gloire. L’Europe a cessé d’être fière de ses grands hommes qui ont façonné le monde et auxquels nous devons nos richesses culturelles et le raffinement de nos mœurs. Une suprématie dont, désormais, on tient à se débarrasser. Cela au détriment de la sécurité non seulement des territoires européens, mais également du monde entier. Hantés par nombre de fantômes, dont celui du racisme, les dirigeants des grandes puissances européennes n’ont pas su imposer une réponse ferme aux menaces des fanatismes importés. Le résultat est désastreux et sanglant. (Paris, Nice, Cologne…)
Poutine n’a pas ignoré non plus l’actualité européenne des dernières décennies. Il a pu constater que de multiples nations se livraient surtout à la destruction de tout ce qui fit leur force. Le désarmement progressif des pays membres de l’Union européenne, le rejet d’armes nucléaires et l’abolition du service militaire ont confirmé au despote russe que l’Europe est trempée dans l’esprit pacifiste et ne constituerait pas un obstacle majeur à ses projets d’invasion de l’Ukraine. Une Europe faible ne fait pas peur.
Dans la crainte de ne pas suffire aux exigences d’un angélisme qu’il s’est imposé, l’Occident tout entier s’est rendu vulnérable. Il est indispensable qu’il change de voie et retrouve son hégémonie. La guérison de l’Occident, en particulier de l’Europe malade, ne pourra se passer ni d’une militarisation en profondeur ni d’une culture de référence occidentale- non négociable- à imposer à tout un chacun désirant pactiser avec l’Occident.
L’Occident d’aujourd’hui doit renouer avec celui d’hier et rétablir ce qu’il a détruit dans la fureur d’un idéalisme nocif.