La science du sens

Écraser autrui alors qu’on est un parmi tant d’autres, cela ne s’entend pas. Convoiter le tout comme si on n’en faisait pas partie et vouloir l’exploiter sans aucun égard ni aucune réflexion, mû d’un désir avide au lieu de complaisant, voilà encore un malentendu que le néant (forcément relatif) rend possible bien qu’intenable, le bien lui-même ne cessant pas ainsi que n’ayant rien à céder (voir Aristote, Métaphysique, Λ 7, 1072 b 10 – 14).
Ayant tendance à s’y tenir, l’être humain est en quête de sens, alors y a-t-il une science du sens présent à découvrir ? Lesdites sciences naturelles ou physiques suffisent-elles à répondre à cette quête ou auraient-elles besoin d’une science dite métaphysique (existentielle avant même d’être conceptuelle) pour témoigner pleinement du sens dont un être humain a besoin, qu’il ait fait beaucoup d’études ou non, les observations des sciences naturelles dépendant elles-mêmes du sens qu’on a de la vérité ? L’autorité des faits sur notre science dépend bien de l’autorité du sens sur ces faits (vu l’ampleur personnelle du sens des faits). Le sens des faits dépend en effet de l’action du sens en une pensée attentive au lieu d’être dissipée.
Notre science du sens n’est-elle pas, si métaphysique, une conscience dont le Logos lui-même se porte garant, une science qu’on ne trouve pas seulement ni forcément chez des gens qui ont fait de hautes études, la science du sens étant tout d’abord et surtout celle de l’être qui s’entend bien ?
Le bien lui-même, qui de lui-même ne tend qu’à lui-même, s’entend tout entier. Nous ne l’entendons vraiment que si nous nous entendons grâce à lui. Le bien nous fait découvrir l’unique amour, la bienveillance complaisante attentive à la bienfaisance. Si le bien nous fait tendre à ce qui est bon et si nous consentons à ce qu’il nous fait sentir, nous tâchons d’éviter les malentendus en menant notre vie sans aucune mauvaise intention, notre cœur tout inspiré par l’être qui nous attend (voir saint François de Sales, protecteur des journalistes et des écrivains, Traité de l’amour de Dieu).
S’il fait sens de parler de l’être absolu, d’un néant relatif et de la multitude des êtres qui tout en étant en devenir ne se perdent pas, mais sont encore et surtout grâce à l’être absolu qui les comprend au-delà d’eux-mêmes, la métaphysique a toute sa raison d’être et s’avère importante. La science du sens étant perçue comme une conscience confiante, la vie fait vraiment sens, elle fait foi, d’où l’appel aux sciences naturelles, aux visions du monde et aux différentes confessions religieuses de bien toujours prêter toute leur attention au Logos en veillant à l’exactitude de leurs discours comme riches en bonté.
Marc Gilniat