Le « lobby chimie européen » se voit confronté à un adversaire pour le moins inattendu. Il s’agit des Etats-Unis d’Amérique. L’écart était déjà existant, mais il pourrait empirer en 2023. En Europe, l’on craint un nouveau repli de la production. Il s’est avéré que les Etats-Unis ont mieux géré les incertitudes liées au redémarrage de l’économie chinoise et, avant tout, ils n’ont pas du tout souffert de la guerre en Ukraine, au contraire !

L’industrie de la chimie, qui est une grande consommatrice de gaz et d’électricité, a souffert le plus de l’augmentation du coût de l’énergie. Les Etats-Unis ont réussi à tirer un avantage compétitif en se servant, tout en ignorant les préceptes écologiques, du gaz de schistes. Il faut savoir que 70 % du coût de production de l’ammoniac, par exemple, sont liés au prix du gaz. En Allemagne, BASF a ainsi dû fermer 2 de ses usines d’ammoniac à Ludwigshafen, entraînant la suppression de 700 emplois.

En 2022 l’export représentait 60 % du chiffre d’affaires du « lobby chimie européen », c’est-à-dire autour de 780 milliards d’euros (cf. Figaro-éco 20.04.2023). Etat donné que les grandes entreprises ne sont « patriotes » que pour la forme, aussi longtemps que cela leur rapporte, la délocalisation de quelques géants a commencé. La firme belge « Solvay » avait déjà annoncé en novembre 2022 qu’elle construirait dans le sud-est des Etats-Unis une usine géante fabriquant les composants pour les batteries de voitures. Un projet qui sera d’ailleurs co-financé par le département américain de l’Energie.

Les perdants de ces guéguerres entre lobbys industriels sont les salariés et les consommateurs, les gagnants les actionnaires !

Edouard Kutten