En quête d’un humanisme renaissant

Les élections communales et celles législatives s’annoncent au Luxembourg et les politiciens commencent à se mettre en scène et à vouloir nous mettre en orbite autour d’eux. D’où l’importance de rappeler l’héliocentrisme enseigné par Copernic, chanoine au chapitre de la cathédrale de Frauenburg, dans son De Revolutionibus Orbium Coelestium. Il ne faut en effet pas que des étoiles filantes se prennent pour l’astre du jour ou l’étoile du matin, chose qui arrive trop souvent en ces temps où ce qu’on pourrait appeler l’humanisme du re-déclin se vantant de la générosité d’alphas privatifs s’oppose à l’humanisme de la Renaissance dont un autre chanoine, Érasme de Rotterdam, est figure de proue. Si Copernic ou Érasme ont bien fait de ne pas courtiser les prélats, ces princes séculiers ou de l’Église qui depuis toujours mettent tout en œuvre pour tout faire graviter autour d’eux, ils ont consacré leur temps à la recherche et aux études, soucieux de vérité et d’honnêteté. Voilà l’exemple à suivre, la trajectoire que la conscience humaine nous trace.
En se réclamant de ce qu’elles appellent une révolution copernicienne, nos sociétés se pavanent avec un géocentrisme axé sur le sujet humain étrangement hypertrophié qui s’invente l’intelligence artificielle pour maître et seigneur. Si on se remet dans les pas de Ptolémée, l’auteur de l’Almageste, ayons du moins la décence intellectuelle de parler d’une révolution ptolémaïque au lieu de vouloir la faire passer pour copernicienne. À observer le monde, on a la nostalgie du Verbe parmi nous, d’une PhiloLogie philanthropique, selon laquelle l’être humain ne s’imagine pas pouvoir remplacer Dieu, mais qui l’aide à se recentrer sur lui-même en se concentrant sur le Logos sans qui rien ne fait sens.
Faut-il des hommes et des femmes faussement maîtres de l’univers ou bien qui soient vrais ? Voici ce mot de Victor Hugo qui conclut son Shakespeare : « Pendant que, du côté de l'engloutissement, de plus en plus penchante au gouffre, la flamboyante pléiade des hommes de force descend, avec le blêmissement sinistre de la disparition prochaine, à l'autre extrémité de l'espace […] se lève éblouissant le groupe sacré des vraies étoiles, Orphée, Hermès, Job, Homère, Eschyle, Isaïe, Ézéchiel, Hippocrate, Phidias, Socrate, Sophocle, Platon, Aristote, Archimède, Euclide, Pythagore, Lucrèce, Plaute, Juvénal, Tacite, saint Paul, Jean de Patmos, Tertullien, Pélage, Dante, Gutenberg, Jeanne d'Arc, Christophe Colomb, Luther, Michel-Ange, Copernic, Galilée, Rabelais, Caldéron, Cervantès, Shakespeare, Rembrandt, Kepler, Milton, Molière, Newton, Descartes, Kant, Piranèse, Beccaria, Diderot, Voltaire, Beethoven, Fulton, Montgolfier, Washington ; et la prodigieuse constellation, à chaque instant plus lumineuse, éclatante comme une gloire de diamants célestes, resplendit dans le clair de l'horizon, et monte, mêlée à cette puissante aurore, Jésus-Christ ! »
Gilniat Marc / Eppelduerf