Après la diffusion d’images abjectes montrant une jeune fille mineure soumise à la torture physique et morale infligée par d’autres mineurs (d’une lâcheté inouïe, le rapport de force étant tout à fait inégal), l’Ombudsman fir Kanner a Jugendlëcher était d’avis que, faute de statistiques, on ne pouvait savoir si de tels actes de violence, mettant en scène des auteurs de plus en plus jeunes, s’étaient multipliés récemment.  Finalement, cela importe peu, car un délit de la sorte en est déjà un de trop.

Cependant, l’OKAJU et les professionnels en la matière se pourfendent en dires et inquiétudes gravitant autour du « manque d’empathie » globalement observable chez les adolescents, de leur exposition à la violence quotidienne, du rôle néfaste des réseaux sociaux et d’autres lieux communs.  Nul ne songerait d’ailleurs à contester les effets défavorables de ces plaies sociales, mais le déplacement du sujet vers des questionnements d’ordre général ne peut qu’entraîner une atténuation de l’horreur ressentie face au cas précis. Est-ce voulu ?

Dans le même contexte, si l’acte est condamné, c’est plutôt en vain qu’on cherche le blâme des acteurs. Le discours public semble y substituer une incrimination des maux de l’époque qui nourrissent les craintes des jeunes, comme le manque de perspectives, l’avenir incertain etc.

Cette victimisation des malfaiteurs, déjà entamée par la recherche de causes sinon excusant, du moins expliquant leur crime, est un des grands malheurs des temps présents. S’y ajoute le fait que l’actualité fournit aux délinquants mineurs maints exemples livrant preuve d’une impunité presque totale conférée aux scélérats pubères en raison de leur jeune âge. Ces malveillants jouissent en effet d’une absence de responsabilité pénale. Elle leur sera garantie (jusqu’à l’âge de 14 ans, et même 21 ans selon certaines circonstances) une fois la réforme de la protection de la jeunesse mise en place.

Ce projet de loi relatif à la protection de la jeunesse, visant l’introduction d'un droit pénal pour mineurs, donne surtout lieu à redouter le pire. Les sanctions prévues, qui figurent au tout dernier rang des mesures envisageables, s’inscrivent dans un cadre plus pédagogique que punitif. (Notons : Si ce texte est voté à la Chambre des Députés, dans certains cas, un mineur pourra choisir lui-même le moyen de « réparer » sa faute. Ambiance colonie de vacances…) Cette loi une fois en vigueur, il est clair qu’aucun jeune malintentionné ne sera plus dissuadé de donner libre cours à ses pulsions.

Afin de freiner ce glissement vers un monde où règnera le vice et la malignité, jetons vite ce projet de réforme aux oubliettes ! N’accordons pas le bénéfice de l’inconscience à ceux qui blessent les autres. Cessons les euphémismes dans le discours public, inculpons ceux qui répandent le mal autour d’eux et traitons-les comme les criminels qu’ils sont. Ceci est un appel aux autorités : Sévissez !

Kelly Meris

Strassen