Esch: paralysée six années de plus

Le résultat des votes montre clairement que les Eschoises et Eschois avaient revendiqué un changement, une polique plus sociale, plus jeune et plus féminine, à l’image de leur ville. Une nouvelle liste socialiste est largement validée, les Verts y laissent des plumes et pourtant aucun renouveau en vue dans la ville rouge. Un boysclub se réunit dans une action nocturne avant même la fin du dépouillement.
Les habitants de la capitale du Sud sont frustrés et déçus de la tournure des événements. Le maire sortant et les partis présents au conseil jusqu’à présent bloquent toute tentative de renouveau au sein de la mairie. Au-delà de leurs affinités personnelles ils auraient pu respecter le choix très clair des électeurs et a minima faire preuve d’une volonté d’échanger avec les socialistes. Il y a de quoi être émerveillé par le fait que le LSAP premier parti en nombre de voix se retrouve dans l’opposition à l’instar des Pirates et de l’ADR et non en capactité effective de proposer des projets ! CSV en chef de file prône la stabilité mais derrière ce terme nombre d’Eschoises et d’Eschois n’entendent qu’« immobilité » et « paralysie ».
Les six longues années à venir se profilent à l’image de celles qui viennent de s’écouler, en deux mots ; peu sociales. Les Eschoises et Eschois vont devoir faire face aux mêmes difficultés en ce qui concerne les écoles – dans des containers, les logements sociaux – quasiment inexistants, et la plus grande rue commerçante du pays qui bat un seul record : celui du grand vide.
La manière dont se font ces soi-disant pourparlers en vue d’une coalition a de quoi ébranler la foi des jeunes et des moins jeunes en la démocratie. Ce sont les personnes et non les idées qui l’emportent. Ce sont les intérêts et non les programmes. Si la liste socialiste présente dans l’ensemble des novices, elle se voit largement validée au niveau des idées mais de fait invalidée pour la même raison. Au-delà des intérêts de la ville certains ont déjà le regard rivé sur les élections législatives et pouvoir être sous-titré maire d’Esch-sur-Alzette sur les plateaux télé l’emporte face aux enjeux réels.
Comment encourager les jeunes à s’intéresser à la politique si elle ne les représente pas ? Comment expliquer à ceux qui voteront prochainement que leur voix compte ? Comment affirmer que cette politique-là reflète la diversité de la ville eschoise ? Rappelons qu’elle compte plus de 36000 habitants et que 15800 personnes seulement votent. Sans doute y a-t-il eu une erreur et un mot de trop dans l’impression des slogans des panneaux du CSV, il aurait fallu dire aux électeurs que l’objectif était « Een Esch fir eis », car cette coalition ne réprésente en aucun cas tous les résidents.
Sarah Hargarten