L’accord sur la réforme migratoire européenne, après des tractations en coulisses et des dérogations accordées, ne change rien au fait que le dilemme majeur auquel l’Union européenne est confrontée continue d’exister.

Il s’agit de celui de la main d’œuvre étrangère. Le fonctionnement de certains secteurs de l’économie et les profits qui en résultent sont dépendants de la présence de la main d’œuvre étrangère.

En France, par exemple, les statistiques à ce sujet sont révélateurs, mais, pour des raisons politiciennes elles ne sont que rarement citées. En effet, elles mettent en doute certaines argumentations servant à cautionner une politique migratoire restrictive pratiquée par l’Union européenne. Ainsi en France (statistiques officielles de 2023), à part le travail au noir, 38 % des employés de maison, 28,4 % des agents de sécurité, 27 % des ouvriers non qualifiés, 24,8 % des ouvriers qualifiés du gros œuvre dans le bâtiment, 23 % des cuisiniers, 19,3 % des agents et employés de maîtrise dans l’hôtellerie et 17,4 % des agents d’entretien étaient étrangers.

Mais l’on préfère le « recrutement sélectif » moyennant des arrangements avec des pays ad hoc. A cela s’ajoute un problème sociétal qui commence à inquiéter certaines sphères en Union européenne. La procréation laisse à désirer, différents milieux réactionnaires pensent à rendre l’accès à la contraception, voire à l’avortement plus difficile. Dans le « bon vieux temps » les femmes fournissaient les soldats pour la guerre, pourquoi ne livreraient-elles pas la main d’œuvre pour l’économie !?

Ce retour à une politique ultraréactionnaire et antiféministe n’est pas seulement une « nostalgie » nuisible à toute émancipation sociétale, c’est un scandale et un affront vis-à-vis de toutes celles et tous ceux qui ont laissé jusqu’à leur vie pour acquérir l’accès à des droits de liberté humaine !

Edouard Kutten