Intelligence halogène, IH

Il existe une intelligence que l’être humain porte en lui, la sienne, celle qui est à vrai dire inaliénable parce qu’elle est essentielle, identitaire ou naturelle. C’est elle qu’il convient de promouvoir en nos cœurs de chair parce qu’elle nous permet d’appréhender la réalité compte tenu de notre sensibilité humaine. Cette intelligence agit sur notre vie comme le sel sur des aliments, lui-même étant un sel alimentaire qui rehausse le goût et dont nous avons besoin pour vivre, d’où l’idée d’appeler notre intelligence « halogène », ce terme provenant du grec « hals » (au génitif « halos ») pour « sel » en lien avec l’éclat ou le halo (du grec « halôs ») de la lumière que cet élément rend possible. L’intelligence dite halogène, en ingrédient indispensable, éclaire l’être humain de l’intérieur, d’où l’utilité du silence, de la méditation et de l’étude à côté des activités sportives et culturelles qui contribuent à une intériorité équilibrée et tournée elle-même vers l’extérieur dans l’envie exploratrice qui nous habite.
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s’affadir, avec quoi le salera-t-on ? Vous êtes la lumière du monde. » (Mt 5,13-14a). Cette parole a de quoi nous interpeller en ces temps où nous nous interrogeons sur l’intelligence artificielle et son rapport à l’humanité. En tant qu’invention, l’IA est sans aucun doute très intéressante et prometteuse, mais elle a besoin d’être contrôlée et guidée par notre intelligence halogène (et non pas l’inverse) pour servir la vie. Ceci vaut d’ailleurs pour toutes les inventions du génie humain. Le risque de voir notre intelligence halogène s’affadir jusqu’à s’éteindre dans un engouement aveugle pour l’intelligence artificielle n’est pas à prendre à la légère, d’où l’importance de ne pas trop déléguer nos compétences intellectuelles à la machine tout en nous contentant de consommer passivement ce qu’un ordinateur hyper sophistiqué nous sort ou sert au détriment de notre élan vital.
« Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour / et comment retrouver le goût de la vie / qui pourra remplacer le besoin par l’envie » (Daniel Balavoine) ? L’intelligence artificielle n’y suffit pas, mais il faut encore et toujours l’intelligence halogène des êtres humains aux cœurs de chair que la vie spirituelle anime en faveur de l’amour et de la paix.
Jeff Gilniat (Esch/Alzette)