De la tasse à la plante de café

La recolte de café a commencé - Lenner se prepare pour rentrer...
Malgré de nouvelles opportunités, les jeunes sont encore loin de quitter le café - Lucie Wirion, volontaire de coopération de Fairtrade Lëtzebuerg et actuellement en place au Nicaragua, nous a fait parvenir un article sur la récolte du café.
C'est l'automne, bientôt la récolte de café va commencer. Au Nord du Nicaragua, les producteurs de café se préparent pour travailler dans les collines inclinées. La presse nicaraguayenne prévoit que la récolte de café créera cette année 400 000 emplois dans le pays, soit une augmentation de 50 000 emplois au-dessus de la moyenne. Cette croissance se profile en accord avec les bonnes prévisions concernant la production de ce produit qui s'exporte dans le monde entier. Dans ce contexte, le jeune Lenner qui travaille depuis presque 2 ans dans la cafeteria de Soppexcca à Jinotega, va bientôt laisser son travail de barriste pour aider son père dans sa ferme de plantations de café située à 28km de la ville, dans la communauté Los Alpes. Le département de Jinotega, avec la ville connue comme capitale de café, produit 80% du café qui s'exporte surtout aux Etats-Unis et en Europe. Ainsi que grand nombre d'autres jeunes filles et fils de producteurs de café associés à Soppexcca, l'union de coopératives de production de café équitable, Lenner a pu profiter de plusieurs formations offertes par la coopérative pour diversifier ses possibilités de travail et pour générer d'autres sources de revenus pour des familles souvent exclusivement dépendantes du café.
« C'est la crise » dit Lenner. Avec la rouille, maladie qui touche les végétaux, qui a atteint la majorité de leurs plantes l'année passée, la production a tragiquement baissé et comme disent les producteurs: « Quand les plantes souffrent, les familles en souffrent aussi ». D'autant plus que, dépendant du marché global du café, le prix du café est en baisse constante ces dernières années. Ceci avec des coûts de production en hausse, explique la gravité de la situation des petits producteurs vivant souvent dans des conditions précaires. Malgré les avantages du commerce équitable qu'ont les producteurs associés à Soppexcca, tel que le prix minimum garanti et le droit au crédit, les producteurs ont bien senti les conséquences de la crise, surtout en termes de maintenance de leurs terres et de leurs familles. Même si Soppexcca les a soutenus le mieux possible, en leur offrant des paquets d'alimentation et de nouvelles plantes, les familles n'ont pas pu éviter de devoir s'abstenir de petits luxes comme la viande dans leurs repas ou la boite de jus qu'ils ont l'habitude d'offrir aux enfants.

Cette année, malgré le prix encore plus bas que l'année passée, les plantes, avec l'appui technique et financier de Soppexcca, ont pu récupérer et la production paraît prometteuse. En réponse à la crise, les petits producteurs ne se laissent pas démotivés et s'adaptent aux conditions en travaillant davantage.
Grandissant dans une famille à 8 enfants, Lenner a appris à travailler dans le café depuis son plus jeune âge. Aujourd'hui, avec ses frères et sœurs majeurs mariés et engagés dans d'autres fermes de café, il n'y a plus que son petit frère à la maison et l'appui de Lenner est indispensable. D'autant plus que son père et sa mère ne sont actuellement pas en bonne santé, Lenner, avec 4 travailleurs permanents et jusqu'à 25 travailleurs temporaires pour la récolte, va être en charge de couper, fermenter, laver et sécher le café. Les jours vont être longs et le travail dur mais les caféiculteurs s'habituent rapidement à ce changement annuel.
L'appui financier qu'apporte Lenner à sa famille avec son petit salaire en tant que barriste est important, mais son soutien physique sur le terrain l'en est davantage. Très reconnaissant d'occuper ce poste, il considère pourtant moins l'argent que les privilèges comme indispensables. Le droit au crédit, l'appui en cas de problèmes de santé, les formations ne sont que des exemples des avantages dont lui et ses parents en tant que membres de la coopérative bénéficient. Bien qu'il ait l'air préoccupé pour son remplacement pendant son absence de 4 mois, Lenner se réjouit de partir. Il aime bien le travail et la vie sur le terrain où il vécu jusqu'à ses 20 ans et il voit son futur en tant que petit producteur de café.
