Il est vrai que le Covid 19 a mis notre civilisation devant des défis jamais relevés, que ce soit sur le plan scientifique, politique ou sociétal.

Le « simple citoyen » a besoin d’informations sur le sujet pour pouvoir réagir au mieux et selon ses moyens. Mais, depuis le début de cette crise sanitaire, on n’y voit pas très clair. Les affirmations scientifiques d’il y a un mois ou même d’hier, ne semblent déjà plus vraies aujourd’hui.

Depuis des semaines les communications d’ordre public se réinventent tous les jours afin d’expliquer ou de justifier les « mauvaises informations » livrées les jours précédents. Tandis que les scientifiques avouent ouvertement que la recherche sur ce « nouveau » virus les pousse « dans les tranchées », tellement il y a de nouvelles découvertes chaque jour, les politiciens semblent beaucoup plus aisés avec les « informations » qu’ils présentent à leur citoyens, sous forme de communiqué, d’interview, de point presse ou d’allocution solennelle télévisée.

Ils passent avec une légèreté effrayante sur les « conneries » qu’ils ont déversées depuis le début de cette crise, ne serait-ce que sur la nécessité de porter des masques. Il s’agit tout simplement de mensonges prémédités, en toute connaissance de cause, …, mais on passe l’éponge et on oriente l’attention du grand public sur de nouveaux horizons, comme celui du déconfinement.

Là aussi, la question des masques sera essentielle, mais les politiciens locaux, aussi bien que ceux de nos pays voisins, semblent incapables de fournir cet outil incontournable à une bonne gestion d’un déconfinement et à la sécurité de tous les citoyens. Car il est évident que le port de masques de protection par chacun représente une protection supplémentaire contre le virus. Sur ce point, tous les scientifiques ont revu leur copie et approuvent maintenant cette affirmation.

Mais ce qu’on entend de la part de certains politiciens pour sortir efficacement de cette crise est tout à fait ahurissant. Surtout quand il s’agit de la manière par laquelle ils essayent de gérer le facteur « risque » pour les personnes âgées. Car, même si les personnes âgées comptent parmi les plus vulnérables face à ce virus, il ne peut être en aucun cas question de « mettre sous tutelle » toute personne au-delà de 65 ans.

Et c’est exactement ce qui se passe en ce moment dans maints pays, comme par exemple en France, où E. Macron a annoncé dans son allocution solennelle du 13 avril 2020 que le déconfinement, s’il aura bien lieu le 11 mai prochain, ne se fera certainement pas pour les personnes âgées, qui devront restés strictement confinés chez eux ou dans les institutions dans lesquelles elles vivent, sans aucune indication de durée.
La ministre de l’intérieur luxembourgeoise, T. Bofferding, a été encore plus choquante en disant sur RTL-radio le 14.04.2020  « qu’il ne serait pas conseillé de donner des masques aux personnes âgées pour ne pas les encourager à sortir ». Elle visait par-là l’initiative de plusieurs communes d’essayer de procurer des masques de protection aux citoyens vulnérables et âgés, une initiative qui ne trouve apparemment pas l’approbation du gouvernement luxembourgeois, même si elle reflète parfaitement la demande de beaucoup de citoyens.

Les faits sont :

- Les responsables politiques dans beaucoup de pays, sont incapables de fournir des masques de protection à tous leurs citoyens, ce qui serait quand-même la plus élémentaire des choses à faire dans cette crise. Que ce soit par le biais de la commune ou par le biais de l’Etat, chaque citoyen devrait avoir le droit d’avoir ces masques si essentiels pour leur protection.

- Les personnes âgées ont contribué toute leur vie au bon fonctionnement de notre société aussi longtemps qu’elles travaillaient et payaient leurs cotisations. En tant que retraités, elles deviennent apparemment un « fardeau » pour cette même société. On semble évaluer seulement maintenant le coût et le besoin en personnel qualifié pour garantir des soins adéquats pour personnes âgées dépendants dans les maisons de retraite ou de soins.

- On a encouragé les personnes âgées à rester à la maison et « autonomes » le plus longtemps possible, parce qu’on ne dispose pas d’assez d’institutions spécialisées et surtout de fonds pour assurer à toute personne nécessitant de soins spécifiques une place dans les dites institutions. Mais là aussi on a sous-estimé le coût de l’aide à domicile et surtout le besoin de salariés qualifiés pour assurer ces soins convenablement, et non avec un chrono à la main.

- Les personnes âgées dépendants représentent cependant seulement une partie des séniors, il y en a des milliers qui sont absolument indépendants jusqu’à un âge élevé et même jusqu’à la fin de leur vie. Ces personnes sont, comme toutes les autres, même si elles ont une dépendance physique, saines d’esprit et tout à fait à même d’évaluer les risques qu’elles courent en sortant. Elles savent, certainement beaucoup mieux que beaucoup de « décideurs politiques » à la Trump et Co., respecter les règles de barrières, elles savent garder 2 mètres de distance, elles savent aussi se laver les mains, etc.
Et maintenant, on voudrait priver toutes ces personnes de libertés qu’on alloue à une jeunesse, souvent bien plus insouciante, sous prétexte que l’on veut les protéger, … ou serait-ce plutôt parce qu’on n’a pas les moyens de les protéger convenablement ?

La dignité humaine ne se perd pas à 65 ans, au contraire ! Nos aînés doivent être respectés, protégés et soutenus dans cette crise inédite … comme tous les autres citoyens. La responsabilité de cette crise sanitaire incombe à toute la société, aux scientifiques, aux responsables politiques à tous les niveaux et à tous les citoyens solidairement !

Christiane Kutten-Serafini