Risque de pérennisation ?

Certaines mesures coercitives prises lors de la lutte sanitaire contre le Covid-19 ont été copiées sur les mesures d’exception prises lors de crises militaro-politiques, comme par exemple en France la période de la guerre d’Algérie. Il ne faut donc pas s’étonner de voir l’espace public devenir un laboratoire sécuritaire, partiellement militarisé. Cette évolution est acceptée par une grande majorité, car l’on a réussi à « vendre » la sécurité comme l’une des premières « libertés ».
L’accoutumance s’est installée. En 1995 « Vigipirate » fut instauré comme réponse exceptionnelle et momentanée au terrorisme, « Vigipirate » est toujours en vigueur avec tous les côtés négatifs.
Au Luxembourg on installa pendant la période de la guerre froide, sur ordre de l’OTAN, le SREL. Il existe toujours, sous un autre nom et avec d’autres attributions.
Que « l’état d’urgence » sanitaire ait des contours très « flous » n’inquiète pas trop. Le fait est que dans notre société du « Big Brother » l’on a accepté l’intrusion dans notre vie privée, et ceci longtemps avant la pandémie. Les « Big Brothers » s’appellent aujourd’hui Google, Amazon, Facebook, etc. et font du business. Ils ont proposé d’ailleurs leur « service » dans le tracking numérique envisagée dans la lutte contre le virus. Il est fort à craindre que l’anonymisation des données ne soit pas garantie. Le capitalisme de surveillance est accepté comme du « mal nécessaire ».
Du côté social, le risque d’accoutumance existe aussi, le travail journalier de 12 heures et la semaine de travail de 60 heures sont déjà appliqués dans quelques pays. Et l’on n’a pas envie d’en démordre après la pandémie. Il faut relancer l’économie au plus vite. D’abord travailler plus pour peut-être gagner un peu plus après. Les acquis sociaux risquent à la longue de devenir la victime d’une pérennisation bien orchestrée.
Rien ne sera plus comme avant …, mais peut-être pire !
Edouard Kutten