En écoutant les appels quotidiens à l’union et à la solidarité face à la pandémie, on aurait pu croire que la crise aiderait peut-être à abolir certaines barrières sociales. Dans maints pays de l’Union européenne c’est hélas le contraire que l’on doit constater. Les fossés se creusent, la santé et l’éducation en livrent les meilleures preuves.

Confrontés au virus, les chances ne sont pas les mêmes pour tous. Ces inégalités existantes ne sont pas le fruit du hasard, mais elles ont des origines souvent socio-politiques. En France, par exemple on disposait en 1980 de 11 lits d’hôpital (tous services confondus) pour 1.000 habitants. Actuellement il n’y en a plus que 6 confiés aux « bed-managers » pour en tirer le plus grand profit possible. La preuve est faite que l’hôpital public fut démantelé grâce à une politique d’austérité visant le secteur public.

La dépendance de la santé publique vis-à-vis des laboratoires privés est une autre conséquence. Il ne faut pas oublier que les grandes entreprises pharmaceutiques ont monopolisé les secteurs du marché pharmaceutique qui rapportent le plus. Ceci n’a pas empêché une dépendance de plus en plus grande d’achats de médicaments « bon marché » à l’étranger.

Le problème n’est pas purement « français ». Selon Ph. Lamoureux (Directeur général des entreprises du médicament – cf. Le Républicain Lorrain, 12.04.2020), « l’Europe s’est progressivement installée dans une dépendance à l’égard de l’étranger … ». Il s’agit des Etats-Unis d’Amérique pour les médicaments innovants et de l’Asie pour les principes actifs.

Le Luxembourg ne fait pas exception. Le Premier Ministre, X. Bettel, a dans le contexte du combat contre le coronavirus confirmé (cf. RTL, 21.04.2020),  et par la même occasion regretté, la trop grande dépendance pharmaceutique de l’étranger.

Dans un autre registre, la rentrée scolaire, prévue en mai dans certains pays, risque non seulement de créer des problèmes d’organisation, mais elle risque d’ouvrir de nouveau le fossé qui sépare encore et toujours l’enseignement public et l’enseignement privé.

Le droit à l’éducation est officiellement le même pour tous, sauf que les moyens mis à disposition sont très disparates. En France, par exemple, l’école publique est devenue « l’enfant pauvre » du système scolaire. La situation est telle que dans de nombreux cas (cf. le Figaro, 22.04.2020) l’école publique se trouve dans  « l’incapacité d’assurer un suivi pédagogique ».

Mais il est à craindre qu’à la fin de la pandémie, les revendications sociétales ne soient pas les bienvenues … faute de moyens et de courage politique !