Au sein du CSV, les discussions gravitent autour des termes « liberté » et « droit » afin de trouver la bonne formulation pour ancrer l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution.
 
Si ces subtilités linguistiques marquent une infime différence du point de vue juridique, pour l’enfant auquel on refusera de naître, au nom du droit ou de la liberté de la femme enceinte, c’est du pareil au même : il ne vivra pas.
 
Certes, en choisissant l’expression « liberté d’avorter », l’IVG sera davantage encadrée juridiquement et un médecin, par exemple, ne pourra pas être forcé d’effectuer un avortement. Cependant, il est clair que le cas échéant, il se trouvera un autre pour exécuter  la triste besogne ; tout compte fait, l’avortement sera garanti et le ventre de la mère restera un endroit dangereux pour les enfants en devenir- alors qu’il devrait être l’abri le plus sûr du monde. 
 
Contrairement aux dires de plusieurs députés cités constamment dans la presse, il ne s’agit pas uniquement du choix de la forme (droit ou liberté) ni même si oui ou non conférer la protection constitutionnelle à la pratique de l’avortement ; la dépénalisation de l’IVG en soi doit pouvoir être constamment soumise à de profondes réflexions en raison des nombreuses questions éthiques que cet acte soulève. Au Luxembourg, une femme peut avorter jusqu’avant la 12ième semaine de grossesse. À ce stade de gestation, le fœtus a une apparence humaine, on peut distinguer les différentes parties du corps, le cœur bat. La volonté de la femme ne peut être, dans une société progressive, décisive du sort d’une vie en devenir. 
 
Si le CSV a connu une renaissance grâce aux élections récentes, ce ne fut pas par enthousiasme de voir briller un « nouveau Luc » sur le plan économique uniquement. De nombreux électeurs ont souhaité pouvoir retrouver un ordre moral perdu. Faut-il être conservateur ou particulièrement croyant pour réclamer que le sujet de l’IVG soit abordé sous l’angle de considérations éthiques ? Certainement pas ! Est-ce faire abstraction des situations des femmes affligées ? Non plus. Dans ce contexte, il est tout à fait curieux que les autoproclamés défenseurs de la cause féminine, trempés dans leur vision unilatérale de la réalité complexe, s’obstinent à passer sous silence les séquelles psychologiques qu’un avortement précipité -acte irréversible- risque d’entraîner chez une femme. Aborder l’IVG de façon sincère, voilà ce que pourrait être le premier pas vers une société réellement soucieuse des femmes. Et, surtout, alors qu’on ne cesse de répéter que personne n’avorte par plaisir, mettre en place des mesures d’aide et de soutien pour que justement, personne n’ait plus à le faire par détresse.