Le féminisme, sujet brûlant, sujet de clivage… Voici le point de vue personnel d’une femme

Parmi les influences que l’Occident a connues au fil des derniers siècles, le féminisme, malgré son éternel discours victimaire, peut se flatter d’avoir réussi à s’imposer dans les grands domaines sociétaux. Si beaucoup d’initiatives dont il est à l’origine frôlent le ridicule et prêtent surtout à sourire, il ne faut pas  ignorer qu’elles ont su lentement mais sûrement infiltrer différentes sphères prépondérantes. Ainsi, impossible de recevoir un courrier officiel sans horreurs linguistiques comme le point médian. Ce n’est pas un détail : la beauté formelle de la langue est un acquis civilisationnel qu’on est prêt à sacrifier sans ciller sur l’autel de la croyance féministe.  Cependant, si cela ne supplicie que la sensibilité esthétique, suffit-il de l’ignorer en continuant à écrire selon les règles établies? Où se situent les limites du supportable ?

Alors que nous vivons une époque qui se pique d’être « consciente » et par là respectueuse envers chaque sensibilité, on constate une invisibilisation remarquable des femmes qui ne consentent pas aux dogmes féministes et qui luttent contre l’avortement. Ces femmes-là sont exclues de la sororité, qui met à jour ses principes d’inclusion de façon très sélective. En même temps, les féministes s’arrogent le droit de parler au nom « des femmes » et s’approprient « la cause des femmes », ce qui démontre que dans la vision féministe, les femmes ne sont point considérées comme des individus dotés de goûts et de réflexions qui leur sont propres, mais plutôt comme un troupeau homogène défini par le sexe, auquel on suppose une pensée unique et unilatérale. Quelle image réductrice de la femme !

Autrement inquiétant : le serment de Genève, cadre d’éthique médicale, a été adopté en 1948 par l’Association Médicale Mondiale. Ce texte a été modifié plusieurs fois au fil des ans. Dans la version initiale, le médecin s’engage à garder « le respect absolu de la vie humaine dès sa conception ». Cette version est modifiée en 1983, par les termes « la vie humaine dès son commencement » pour finalement être réduite à « la vie humaine » en 2006. Peut-on en déduire que les courants militants pour la dépénalisation de l’IVG aient réussi à imposer leur autorité avec une ampleur à faire vaciller des certitudes scientifiques ? La définition de la vie est-elle devenue un flou non pas suite aux progrès de la recherche mais sous la pression d’impulsions féministes ? À méditer !