Lieserbréif vum Kelly MerisLe respect de l’intimité des enfants

RTL Lëtzebuerg
De grands projets, des failles dans les dispositions de base

Le respect, un terme propulsé au centre de chaque débat actuel, figure également parmi les incontournables du discours se rapportant au domaine de l’école.

Nos aînés l’associaient surtout aux références dues aux adultes de la part des enfants, et cela non seulement dans le contexte scolaire. De nos jours, la perte de ces règles de vie en vigueur à l’époque, s’étend jusqu’à l’omission du vouvoiement des enseignants, voire des adultes en général. Et ce fait n’est pas déploré que par nos aînés uniquement.

Cependant, une autre conception de l’idée du respect s’est établie. On considère le respect surtout dans sa fonction de bouclier, d’élément protecteur de la dignité de sa propre personne, ainsi que comme principe régulateur des rapports envers les autres et leurs particularités.

Dans ce contexte, on se proclame soucieux de préserver l’enfant en le rendant fort pour affronter cette vie truffée d’éventuels pièges et d’atteintes à l’amour-propre.

Bien que le contenu et la mise en œuvre de nouveaux projets, comme le Plan d’Action de la Santé Affective et Sexuelle, puissent paraître très irritants si on s’y penche de plus près, ne mettons point en doute la bonne volonté des Ministères responsables (Ministère de la Santé ; Ministère de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse ; Ministère de la Famille, de l’Intégration et de la Grande Région ; Ministère de l’Egalité des Chances ) et leur conviction que ces ébauches serviront cette noble cause qu’est la fortification de l’estime de soi.

Maintes initiatives et formations proposées aux enseignants témoignent du piédestal établi au respect sous toutes ses formes (respect de soi, respect des différences religieuses, ethniques ou d’orientation sexuelle ...)

Cependant, malgré toutes ces résolutions et mises en place pompeuses, il semble qu’on ait perdu de vue certaines lacunes dans le quotidien scolaire.

Récemment, le député Fernand Kartheiser a interrogé le Ministre de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, par le moyen d’une question parlementaire, quant à l’existence d’une réglementation de la surveillance dans les vestiaires des piscines scolaires. L’objet de ladite question était de savoir si l’accès aux vestiaires était réglementé de façon garantissant l’inviolabilité de la pudeur des filles et des garçons.

La réponse du ministre Claude Meisch est des plus déroutantes. Ainsi, selon le ministre, en « règle générale », les enseignants, auxquels revient la responsabilité de la sécurité dans les vestiaires, s’arrangeraient de manière à ce qu’un instituteur s’occupe de l’inspection du vestiaire des garçons et une institutrice du contrôle de celui des filles, car « souvent », plusieurs classes se rendraient simultanément à la piscine…. Bref : Il n’existe aucune réglementation officielle fixant la permission et l’interdiction d’entrer dans les vestiaires des enfants ! Le ministre ne peut que fournir des suppositions en guise de réponse.

Ainsi, un homme adulte pourrait à tout moment s’introduire impunément dans une pièce dans laquelle des petites filles se trouvent nues, et de même, une femme adulte pourrait pénétrer dans un vestiaire auprès de garçons dans la même situation, sans qu’une interdiction établie les en empêche…

Dans un domaine auquel le système scolaire accorde tant d’importance, comme en témoignent les exemples cités plus haut, comment est-ce possible qu’on puisse se contenter d’un «souvent» ou d’une vague estimation de pratiques courantes ? (D’ailleurs, l’organisation scolaire ne permet pas toujours aux enseignants de se rendre à la piscine en regroupant plusieurs classes, et non plus d’avoir, dans tous les cas, des enseignants féminins et masculins à disposition !)

Comment se fait-il que, dans une société comme la nôtre, dans laquelle un vrai culte semble être voué à la notion du respect, le besoin de base du respect de l’enfant, à savoir le respect de son intimité, ne soit pas perçu comme un élément nécessitant d’être protégé par une réglementation ?

De grands projets visant à munir les enfants de la force nécessaire à la fixation de limites respectueuses de leur pudeur, sont vains, absolument vains, si ces mêmes enfants sont menés à percevoir comme une chose anodine qu’un adulte du sexe opposé puisse accéder à un lieu aussi intime que leur vestiaire et les y voir dans leur nudité.

La garde de la pudeur des enfants exige une réglementation fixe et fixée ! Elle ne peut se contenter d’approximations floues et d’un incertain « en général » …

Il était temps que cette question soit soulevée.

Back to Top
CIM LOGO