
Il suffit de scruter les manuels scolaires des différentes « ex-puissances » coloniales européennes pour être confronté à ce phénomène. Longtemps on a réussi à résumer le colonialisme à un acte de civilisation et de missionarisme bienveillant.
Or il n’y a pas eu de « bon colonialisme » tel qu’il est encore colporté par les légendes « ad hoc ». Les réserves d’animaux installées et financées aujourd’hui par les anciens colonisateurs ne suffisent pas à changer la donne.
L’Allemagne vient d’être rattrapée par son passé colonial. Ceci fut une surprise, non seulement pour les Allemands, les livres scolaires ayant servi à conserver cette amnésie coloniale, mais pour bien d’Européens aussi. Il faut savoir que la colonisation ne fait pas partie intégrante de l’histoire de beaucoup de pays colonisateurs.
L’empire allemand fut la 4ème puissance coloniale du monde, précédée par les empires britanniques, français et néerlandais. En Afrique, les actuels territoires de Tanzanie, Cameroun, Ghana, Rwanda, Burundi, par exemple, faisaient partie de l’empire colonial allemand.
Les 19 crânes d’indigènes africains des Hereros et Namas qui ont été retrouvés à l’hôpital de la Charité à Berlin, ont mis fin à la légende. Ce sont les vestiges d’un génocide que l’Allemagne a dû reconnaître en 2016. Les études « scientifiques » effectuées sur les crânes devaient servir à prouver « la supériorité de la race blanche ».
La Belgique a connu une affaire similaire avec 14 crânes congolais retrouvés (cf. Le Soir 16.02.2019).
Mais il n’en est pas fini de cette amnésie coloniale, et le mythe du « bon colonialisme » survivra. Nul n’est intéressé à un « devoir de mémoire sur la colonisation », … et pour cause !
Edouard Kutten